vendredi, avril 02, 2010

Conseil Supérieur des Sénégalais de l’Extérieur : Halte à l’amateurisme et à l’irresponsabilité!

J’ai décliné ma désignation à titre de délégué au Conseil Supérieur des Sénégalais de l’Extérieur (CSSE) pour des raisons de convenance personnelle et j’ai décidé de partager avec vous le scenario, non pas d’un film hollywoodien de série B, mais d’un rocambolesque festival d’amateurisme et d’irresponsabilité.

Le service compétent de l’ambassade du Sénégal au Canada m’a contacté, par téléphone, le 24 mars 2010, dans la soirée, pour m’informer de ma désignation à titre de délégué du Canada au Conseil Supérieur des Sénégalais de l’Extérieur. Je suis invité, de ce fait, à prendre part à la rencontre des membres de ce dit conseil, les 2 et 3 avril 2010 à Dakar.

L’agent diplomatique m’a précisé qu’il a reçu l’information le jour même et qu’il a agi avec diligence. Naturellement, je lui ai demandé des informations sur les modalités du choix des délégués, la nature de la rencontre, l’ordre du jour, l’information cernant le CSSE et le programme. La seule réponse qu’il pouvait me fournir c’est que je serais pris en charge pour le transport aérien mais que je devais au préalable compléter un formulaire de renseignements personnels. Ce qui était loin de mes préoccupations.

Mon interlocuteur m’a précisé que j’ai été choisi en même temps qu’un dénommé Ibrahima Sarr et m’a demandé des informations sur celui-ci. Sur la liste qui lui a été transmise depuis Dakar, ne figurait, à coté de ce nom, que la mention professeur d’université. L’agent diplomatique ne disposait d’aucune coordonnée pour le joindre. Évidemment, je ne connaissais aucun Ibrahima Sarr vivant au Canada. Je lui ai précisé qu’il devrait y avoir une erreur sur le prénom de la personne, avant de lui donner le nom et les coordonnées de celui que je pensais être le second délégué. Manifestement, une erreur a été commise. J’ose espérer qu’elle n’a pas été commise sur un décret ou sur un arrêté ministériel.

J’ai été surpris d’apprendre que j’ai été désigné pour représenter les sénégalais du Canada sans que je sache par qui, comment et quand.
Comment peut-on se permettre de m’engager sur cette affaire sans faire le moindre effort de me consulter au préalable ou de m’en informer? On n’a pensé, à tord, que j’allais, comme un prisonnier, acquiescer et me rendre, ou comme un mouton de panurge, suivre sans poser de questions. On n’a pensé à tord aussi que j’allais accepter de me déplacer, au frais du contribuable sénégalais, juste pour applaudir des discours ou pour faire de la figuration.
Ceux qui ont été à la base de cela se sont lourdement trompés sur mon compte.
Y a-t-il au ministère des Sénégalais de l’Extérieur quelqu’un qui connait les principes de base du management 101? Je ne m’engage pas sur une affaire dont je ne connais ni les tenants, ni les aboutissements. Qui plus est, je n’ai reçu le mandat d’aucune structure des sénégalais du Canada ou du reste de la diaspora pour les représenter au CSSE.

Mes tentatives pour recevoir plus d’informations n’ont pas été très fructueuses.
J’ai réussi seulement à connaître que j’ai été choisi par récompense à mon militantisme au sein du PDS, 23 ans durant. C’est une erreur monumentale, doublée d’un manque de respect et de considération que de penser qu’un poste délégué au CSSE peut constituer une récompense à mon combat politique. J’ai éprouvé de la peine en apprenant cela. C’est une insulte à mon intellect et à mon combat politique. Je suis conscient que je ne suis pas indispensable, mais j’ai des principes et je ne suis pas un mouton de panurge. Je n’ai jamais accepté, ni cautionné l’inacceptable.

Malgré la lettre que j’ai envoyée au ministère des Sénégalais de l’Extérieur, le 25 mars, via l’ambassade, pour décliner le choix porté sur ma personne, j’ai constaté qu’une réservation a été faite à mon nom trois jours plus tard. En agissant de la sorte, les organisateurs de l’évènement ont fait preuve d’amateurisme et m’ont profondément déçu.

Par ailleurs, en ne coptant que des libéraux et leurs alliés, on a ôté toute crédibilité au CSSE. Les préoccupations des sénégalais de l’extérieur transcendent les clivages politiques. Pourquoi n’a-t-on pas choisi d’organiser des élections démocratiques pour permettre au sénégalais de l’extérieur de choisir eux-mêmes les délégués?
C’est vrai que le Conseil Supérieur des Sénégalais de l’Extérieur est un organe consultatif. Mais ce n’est pas un motif suffisant pour ne pas appliquer les règles de la démocratie.


Djibril Sambou
Ottawa, Canada