samedi, mai 02, 2009

Nouveau gouvernement du Sénégal: En avant Jules!

Le remaniement tant attendu est intervenu. La composition du gouvernement dirigé par le frère Souleymane N’déné N’diaye est maintenant connue. Je tiens, tout d’abord, à féliciter le nouveau Premier ministre et à lui souhaiter beaucoup de succès. Je me réjouis de cette nomination d’autant plus que Jules est un pur produit du parti démocratique sénégalais (PDS) et du mouvement des étudiants libéraux. C’est de lui que j’avais hérité le poste stratégique de chargé des relations extérieures des étudiants du PDS. Je voudrais, ensuite, partager avec vous mes constats et impressions à chaud, suite à la lecture de la composition du 6ème gouvernement du Sénégal depuis l’alternance.

Symbolisme dans le choix

En choisissant Souleymane, le président Wade a joué la carte de la jeunesse, de la politique, du succès, de la fidélité et de l’engagement.

En formant le gouvernement le 1er mai, journée internationale du travail, le Chef de l’état et le Premier ministre mettent en avant le travail, c'est-à-dire une meilleure gouvernance et une satisfaction des besoins populaires comme principaux axes d’orientation de la nouvelle équipe.

Statu tu quo sur le nombre de femmes et bon dosage géographique

Il y a toujours cinq femmes dans le gouvernement. Mais il ya pas de quoi fâcher la junte féminine d’autant que, Me Wade, le champion de la promotion de la femme va nommer une vice-présidente. Le dosage géographique a été bien effectué. Toutes les régions du pays sont représentées.

Un gouvernement toujours pléthorique

La nouvelle équipe dépasse la trentaine de membres et notre pays continue toujours de battre le record du monde du nombre de ministres d’États. Beaucoup de sénégalais s’attendaient à ce que Gorgui tienne en compte la crise budgétaire pour dégraisser le gouvernement de manière significative. Mais quoi qu’il en soit, je suis persuadé que ce n’est que partie remise. Mon Gorgui s’attaquera au train de vie de l’État en sabrant dans d’autres secteurs.

Entrée en force de la Génération du concret et diminution drastique des PDS de souche

Le fait marquant du lancement sur orbite de l’équipe de Jules est sans doute l’entrée remarquable du Chef de file de la Génération. Karim Wade, fils du Chef de l’État, devient Ministre d’État et hérite du super portefeuille de la coopération internationale, de l’aménagement du territoire, des transports aériens et des infrastructures. Je me félicite de cette nomination et du courage du Chef de l’État. Karim a maintenant une nouvelle occasion de convaincre les sénégalais et d’aller à la rencontre du destin présidentielle que son papa lui a tracé. En d’autres termes, il doit démontrer que ses aptitudes managériales dépassent le cadre de l’organisation d’un sommet. Il ne sera pas dépaysé, loin de là. Une cohorte de membres ou sympathisants de son mouvement l’accompagne au gouvernement. N’dèye Khady Diop, notamment, hérite d’un super ministère, comme son chef de file. C’est une deuxième chance que le président Wade accorde à Karim, après l’échec des élections locales. Hormis, Jules, les rares PDS de souche en qui Gorgui a fait confiance pour figurer dans le gouvernement sont Bécaye Diop, Oumar Sarr, Habib Sy et Khoureichy Thiam. Un autre fait surprenant, c’est le choix porté encore une fois sur Thierno LO au détriment de Modou Diagne Fada. Tout le monde sait que la représentativité de Fada est sans commune mesure avec celle de Thierno. Les néo-libéraux et les socio-démocrates remportent une nouvelle fois la palme de la représentativité.

Manque de cohérence et de concision dans l’appellation de certains ministères

J’ai été frappé par le manque de concision et de cohérence dans l’appellation ou le libellé de certains ministères.

Quelques exemples de manque de cohésion :

- La sécurité alimentaire n’est logée ni au ministère de la santé et de la prévention, ni au ministère de l’environnement mais au ministère de la famille. Ce ministère ne possède, à ma connaissance, aucune expertise pour contrôler et déceler notamment les nuisances réelles ou potentielles dans la composition des aliments ou des médicaments.

-La syndicalisation des agriculteurs n’est pas rattachée au ministère du Travail. La cohérence voudrait que la syndicalisation relève du ministère du Travail. Il est étonnant que l’on parle des agriculteurs et non des cultivateurs. Nous savons tous qu’il y a très peu d’agriculteurs mais beaucoup de cultivateurs au Sénégal et que le droit syndical est déjà garanti par la constitution.

Quelques exemples de manque de concision :

-Le ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature, des Bassins de rétention et des lacs artificiels. C’est comme si la protection de la nature, les bassins de rétention et les lacs artificielles ne font pas partie de l’environnement.

-Le ministère de l’Enseignement Supérieur, des Universités et des Centres Universitaires Régionaux. Ce libellé ignore les écoles et instituts d’enseignement supérieur et fait une distinction entre l’enseignement supérieur, les universités et les centres universitaires régionaux. C’est tout simplement ridicule. Il faut changer cela très rapidement.

-Le ministère de l’Énergie et des biocarburants. Les biocarburants ne sont qu’une forme d’énergie. Vous me permettrez de faire une blague en disant que ce ministère aurait pu s’appeler ministère de l’électricité d’autant que le pouvoir peine encore à assurer une fourniture régulière de l’électricité.

C’est la première fois que je vois autant d’incongruités dans un texte officiel.

Ces manquements s’expliquent par le fait que les rédacteurs des appellations des ministères ne sont pas des professionnels de l’administration publique. Ce sont peut être des agents du marketing. Ils ont voulu, peut être, donner à certaines dénominations une connotation qui puisse, dans certains cas, ressortir, en filigrane, certains aspects du mandat ou de la mission des ministères. Peut être aussi ont-ils voulu anticiper sur la dénomination des secteurs ou des directions des ministères concernés. En tout état de cause, tout cela est une aberration. En administration publique, chaque ministère a une appellation précise, une mission précise et un mandat précis qui découlent de la stratégie générale de l’exercice de la mission de l’État.

Pour terminer, je recommanderais au président Wade et à son Premier ministre de rompre avec l’archaïsme consistant à remettre une lettre de mission aux ministres. En lieu et place, je suggère qu’ils définissent pour chaque ministère, un mandat, une mission et des résultats attendus en termes de gestion, de prestation de service, d’orientation et d’amélioration, et enfin qu’ils exigent de chaque ministère la production de plans et priorités, d’une architecture des activités de programmes et la présentation sur une base annuelle un rapport ministériel sur le rendement.



mardi, avril 07, 2009

Réponses à vos questions

J’ai reçu beaucoup de commentaires et de questions de militants et sympathisants du PDS, d’alliés du président Wade, d’opposants à son régime, de sénégalais se réclamant d’aucun bord et d’observateurs étrangers de la scène politique sénégalaise. Je vous remercie tous de vos commentaires et questions. Comme je ne peux répondre à chaque message, j’ai choisi de répondre à quelques questions qui, à mon avis, résument l’ensemble de vos préoccupations du moment.


Q : Je trouve vos réflexions très pertinentes. Pourquoi n’écrivez-vous pas directement au président Wade au lieu de publier vos réflexions sur internet? Je pense qu’elles sont plus importantes pour Gorgui que pour les internautes.

R : Je constate que vous avez lu et apprécié mes réflexions. Cela démontre qu’elles sont importantes pour des internautes comme vous. Il y a parmi les internautes des responsables et de simples militants du parti. Il est important, pour ceux-là, de lire des analyses ou des commentaires de gens avec qui ils partagent le même combat et la même philosophie politique et qui plus est, sont indépendants d’eux et ne sont pas mêlés à l’exercice du pouvoir. Vous savez, Internet est l’instance la plus démocratique qui existe au monde. Y publier des réflexions participe du débat démocratique. Cela dit, j’écris souvent des notes au président de la république. Je perçois cela comme une participation personnelle. Mais il faut toujours garder à l’esprit que ce que nous lui écrivons peut ne pas lui parvenir.

Q : Je suis ton frère de parti. J’ai lu ton analyse les sur les facteurs explicatifs de la défaite de la coalition Sopi 2009 et je la partage. Après avoir écouté le discours à la nation du président de la république, le 3 avril, penses-tu qu’il a vraiment décodé le message des urnes?

R : Je te remercie mon cher frère. J’espère que tu as gagné dans ta localité. Le président Wade a affirmé dans cet extrait de son de discours : "Tirant les leçons de ce scrutin, je voudrais vous redire mes chers compatriotes, que j’ai bien compris vos messages : besoin de changement réel dans la gouvernance et satisfaction des besoins populaires. Nous ferons de notre mieux et vous jugerez". Meilleure gouvernance, satisfaction des besoins et faire mieux font partis des messages que j’avais décodés. Maintenant, il reste à savoir comment cela va se concrétiser. Certes, le chef de l’État n’a pas dévoilé une stratégie ou un plan de mise en œuvre, mais nous devons lui faire confiance. Je n’ai aucune raison de douter de sa bonne foi. Mais, ce qui est sûr, c’est que ce ne sont pas de petites réformes par-ci et par-là, quelques changements de postes ici et là ou des promesses supplémentaires qui lui permettront d’y arriver. Il doit, comme je l’ai déjà souligné, opérer des changements en profondeur tant dans la gouvernance de l’État que du parti.

Q : Pensez-vous qu’il est utile d’avoir un premier ministre et un vice-président en même temps? Pensez-vous que nous avons besoin d’une vice-présidence?

R : Le chef de l’État a parlé d’un poste de premier ministre ou d’une vice-présidence qu’il compte confier à une femme. Cela peut se comprendre d’autant plus qu’il croit fermement à la nécessité de donner aux femmes toute la place qu’elles méritent. Il est certainement, l’un des présidents au monde, qui a le plus œuvré pour la promotion des femmes dans tous les secteurs de la vie économique, politique et sociale de son pays. Franchement, je ne pense pas que nous ayons besoin d’un(e) vice-président(e) nommé(e) par le président de la république. Ma conception de la vice-présidence est proche du modèle américain ou sud africain. Le président Wade doit éviter d’entrer dans des schémas qui raviveront la dualité au sommet de l’État. Maintenant, deux scénarii peuvent se réaliser, après bien sûr, une révision constitutionnelle :

Premièrement, le Chef de l’État peut supprimer le poste de premier ministre pour redonner ses prérogatives à un(e) vice-président(e) nommé(e). À mon avis cela n’apportera rien de concret dans le changement de gouvernance promis, sinon qu’un changement d’appellation du Chef du gouvernement.

Deuxièmement, il peut instaurer une vice-présidence tout en maintenant le poste de premier ministre. Ce faisant, il donnerait au peuple, le message qu’il n’a plus les capacités de gouverner et qu’il ne jouerait plus qu’un rôle symbolique, son vice-président exerçant la réalité du pouvoir, par procuration. S’il continue d’exercer effectivement la réalité du pouvoir, alors, c’est le vice-président ou la vice-présidente qui, cette fois, jouerait un rôle symbolique. De mon point de vue, un tel rôle serait totalement utile, voire un gaspillage de plus. En d’autres termes, cela voudrait dire que le chef de l’État n’avait pas bien décodé le message des urnes consistant à réduire le train de vie de l’État.

Q: Vous soutenez la suppression du sénat alors que Doudou Wade nous dit que le président ne peut le supprimer ? N’est-ce pas là encore une contradiction entre libéraux?

R : Je ne suis pas de cet avis. Le frère Doudou Wade a émis un point de vue parlementaire, à savoir que la suppression du sénat ne peut se faire que par une modification de la constitution par le bais de l’assemblée nationale ou par la voie référendaire. Mon assertion se situe du point de vue politique. Me Wade, en tant que leader de la majorité parlementaire, peut supprimer le sénat par le biais de sa majorité; en tant que président de la république, il peut aussi demander au peuple de se prononcer par référendum sur la suppression. Donc Doudou Wade et moi sont en phase sur ce point précis. Par ailleurs, il semble y avoir un consensus sur la suppression du sénat. Cette institution est la plus impopulaire du pays, malgré les efforts qu’elle a déployés pour établir sa crédibilité. La supprimer ne serait donc pas une mauvaise chose.

Q: Pourquoi continuez-vous à vous réclamer d’un parti dont vous jugez assez sévèrement la gestion et le comportement de plusieurs de ses responsables?

R : J’ai décidé de jeter un regard critique sur le parti et le comportement de certains responsables, parce que j’aime ce parti et je veux qu’il soit moderne et plus performant. J’ai participé au combat de ce parti depuis ma tendre jeunesse jusqu’à aujourd’hui. J’ai toujours milité dans ce parti par conviction. Je mène un combat pour que le PDS cesse d’être ce parti vieillot et archaïque pour se démocratiser davantage, se moderniser, se renouveler et s’adapter à son rôle de parti dominant le pouvoir. Je continuerai à tirer sur la sonnette d’alarme jusqu’à ce que cela se réalise. Il y a un choix à faire : Soit moderniser, renouveler et redynamiser le PDS maintenant, soit attendre de retourner dans l’opposition.

Q: Ton parti a perdu les élections. Le régime de Wade est fini. Ton PDS est mort. Ne perd pas ton temps.

R : Je trouve ton propos prématuré. C’est très léger de votre part de décréter la fin du régime sur la seule base de la défaite de notre coalition aux élections locales. Je t’invite à faire le distinguo entre perdre une bataille et perdre la guerre. Je pense aussi que tu as tord de sous-estimer aussi notre capacité à changer et à rebondir. Crois-moi, je ne perds pas mon temps. Ce que je fais témoigne de mon engagement de toujours. Je te donne rendez-vous en 2012.

Q : Que pensez-vous de la Génération du Concret? Pensez-vous que Karim a les capacités pour succéder à son père?

R : Je pense que la Génération du concret (GC) doit se dissoudre dans le PDS. C’est un mouvement qui, au départ, prétendait évoluer à la périphérie du PDS, pour soi-disant le renforcer. Au finish, nous avons constaté, non seulement qu’il n’est composé que de libéraux ou de gens qui profitent du fruit du PDS, mais que leur apport est loin d’être significatif. Qui plus est, la GC n’est pas étrangère à la raclée que nous venons de subir, surtout à Dakar. Elle a crée un flou artistique dans le parti. En se fixant comme objectif avoué de conquérir le pouvoir à l’intérieur même du pouvoir, elle a fait fausse route. Ses membres ont raconté des histoires au leader du PDS, l’ont monté contre certains militants et responsables et l’ont amené à croire qu’il n’y a pas de salut en dehors de la GC. Ils ont poussé tous les responsables du parti à adhérer ou à soutenir publiquement leur mouvement et combattu avec acharnement tous ceux ou celles qui ne leur sont pas favorables. Ils doivent se rendre à l’évidence qu’ils ne pourront jamais réussir à saborder ou à phagocyter le PDS. S’ils connaissaient, tant soit peu l’histoire de notre parti, ils ne se seraient gardés d’emprunter une telle voie. Le PDS est, et sera, le seul instrument de conservation du pouvoir pour nous les libéraux. La génération des bâtisseurs doit donc se dégonfler, renter dans les rangs et apprendre à respecter ceux qui se sont sacrifiés pour conduire Gorgui au pouvoir.

S’agissant de Karim Wade, plus particulièrement, je ne le connais pas assez pour juger de ses capacités à succéder à son père. En tant que sénégalais, il peut avoir une ambition présidentielle. Il doit maintenant se résoudre à utiliser la voie du PDS ou y aller avec sa propre bannière. La stratégie de phagocytage ou d’endiguement du PDS au profit de son mouvement ne peut plus prospérer. Il doit faire une introspection, décrypter et tirer les leçons du message que les dakarois lui ont envoyé le 22 mars dernier. Les travaux de l’ANOCI n’ont servi à rien, électoralement parlant.

Q : La Cap 21 dit, chiffre à l’appui, que la coalition Sopi 2009 a gagné les élections. Vous dites le contraire. Étant donné qu’elle appui le régime, pourquoi n’êtes-vous pas sur la même longueur d’ondes qu’elle?

R : Je voudrais vous dire, de prime abord, que rien ne m’oblige à être sur la longueur que la Cap 21. Ensuite, j’ai dit que l’analyse de la Cap 21 n’est pas fausse, loin delà, mais elle est, à mon avis, incomplète et trop partisane car ignorant des faits extrêmement importants.
Primo, une comparaison de la réalité issue du scrutin du 22 mars à celle qui prévalait antérieurement aurait permis aux leaders de la Cap 21 de se rendre compte que le PDS et ses alliés n’ont pas été victorieux, mais qu’ils ont, au contraire, perdu beaucoup de terrain. Il s'y ajoute le fait que la coalition Sopi 2009 a gagné 105 localités sans aucune concurrence.
Secondo, les résultats du scrutin révèlent que nous avons perdu des bastions, comme Dakar, Pikine, Guédiawaye, et j’en passe. Le seul fait de perdre Dakar et sa région est, en soit, une énorme défaite. Elle est d’autan plus amer que le président de la république a perdu dans son propre bureau de vote et dans son quartier du Point E. Ce qui fait que Me Wade habite maintenant dans un quartier dominé par l’opposition et vit dans une capitale dominée par l’opposition. En d’autres termes, le président de la république est cerné de toutes parts par l’opposition. Ce qui nous est arrivé est à la limite une humiliation. La défaite aurait été plus dramatique si nous n’avions pas gagné à Kébémer.
Tertio, les leaders de la Cap 21 ont perdu de vue que des villes comme Dakar, Thiès, Diourbel, Saint-Louis, Kaolack, Fatick qui constituent le poumon économique du Sénégal, sont tombées dans l’escarcelle de l’opposition nonobstant le fait que les réalisations du président Wade ont été plus importantes et plus significatives dans ces villes.

La Cap 21 y voit une victoire arithmétique, moi j’y vois une défaite politique sans précédente pour le pouvoir.

Q : Vous avez dénoncé le complot contre Macky Sall alors que vous aviez soutenu celui contre Idrissa Seck. Pourquoi êtes-vous plus favorable à l’un qu’à l’autre?

R : Je tiens à préciser que je ne suis favorable ni à l’un ni à l’autre. Je ne suis favorable qu’à mon Secrétaire général national. Idrissa Seck a été exclu suite aux évènements que nous connaissons. Nous l’avons combattu parce qu’il avait franchi le rubicon. Et si c’est à refaire nous n’hésiterons pas. Le président de la république l’avait accusé publiquement de malversations financières. Il a réitéré ses accusations au lendemain des élections présidentielles de 2007. Je n’ai en ma possession aucun élément pouvant corroborer la thèse d’un complot dans le cas d’Idy. C’est pourquoi, je continue à soutenir que le blanchiment total d’Idy par la justice doit être un préalable à son retour au PDS. Il y va de la crédibilité du président Wade, de Mara lui-même, de la justice et du pays. Nous savons qu’il a fini de bénéficier du pardon du Président Wade et, qu’en conséquence, la décision définitive de la justice n’est plus qu’une formalité. Son retour pourrait renforcer le parti à la seule condition qu’il tire les leçons de sa brouille avec le Secrétaire général national et range aux oubliettes la gestion clanique et régionaliste qui le caractérisait et s’érige en rassembleur. Concernant Macky Sall, le complot visant à le pousser à la sortie est un secret de polichinelle. Tout libéral doit dénoncer la violation des droits et libertés. Ma dénonciation du complot orchestré contre Macky relève de cette logique. Je souhaite ardemment que Macky Sall, Me Doudou N’doye, Massokhna Kane et Jean-Paul Diaz retrouvent aussi la famille libérale.

Q: Êtes-vous favorable au retour d’Idrissa Seck? L’avez-vous pardonné?

R : Ce retour ne relève pas de moi. Il relève du Secrétaire général national. Seul ce dernier peut lui accorder son pardon et il l’a fait. Ce pardon équivaut à celui tous les militants et militantes.

Je souhaite seulement qu’il tire les leçons du passé et retienne que Me Wade est l’actionnaire ultra-majoritaire du PDS.

Q : En tant qu’ancien conseiller municipal, comment appréciez-vous la perte de la ville de Pikine incluant votre commune d’arrondissement de Pikine-Nord?

R : La perte de Pikine est un énorme gâchis. La désunion des responsables, la mal-gouvernance des collectivités locales, les mauvaises investitures, la léthargie des structures fédérales, le clanisme érigé en mode de fonctionnement et l’absence de leadership local affirmé ont entrainé la capture de ce bastion libéral par l’opposition.

Q: J’ai lu dans la presse qu’Aminata Tall a suspendu ses activités au PDS. Cela ne vous inquiète-t-il pas, vous qui prônez l’unité du parti?

R : J’ai appris, comme vous, la suspension des activités de la Fédération de Diourbel. Il y a là un message que le Secrétaire général national doit décrypter. Je souhaite qu’il reçoive la sœur Aminata Tall pour trouver un terrain d’entente avec la Fédération de Diourbel dans les meilleurs délais. Il est inconcevable qu’on essaie de la tasser pour faire la place aux transhumants ou à des inconnus au bataillon. Elle a subi beaucoup d’injustice et de promesses non tenues. Il y a des gens, sans scrupule, qui veulent pousser cette brave dame vers la sortie. Elle ne mérite pas ce qui lui arrive. Il est temps qu’elle retrouve une station compatible avec sa stature de femme d’État.

vendredi, avril 03, 2009

SCRUTIN DU 22 MARS: LA CAP 21 FAIT FAUSSE ROUTE

La Conférence des Leaders de la Cap 21 s’est réunie pour procéder à une évaluation des résultats des élections locales du 22 mars 2009. La Déclaration dont j’ai obtenu copie analyse le scrutin sous un angle triomphaliste. Certainement pour plaisir au président de la république. La Cap 21 n’a certainement pas compris le message des électeurs. Elle n’a pas, non plus, compris que l’heure du camouflage de la vérité est révolue. La vérité, toute vérité doit être dite au frère Secrétaire général national. L’analyse de la Cap 21 n’est pas fausse, loin delà, mais elle est, à mon avis, incomplète et trop partisane car elle ignore des faits extrêmement importants.
Primo, une comparaison de la réalité issue du scrutin du 22 mars à celle qui prévalait antérieurement aurait permis aux leaders de la Cap 21 de se rendre compte que le PDS et ses alliés n’ont pas été victorieux, mais qu’ils ont, au contraire, perdu beaucoup de terrain. Il s'y ajoute le fait que la coalition Sopi 2009 a gagné 105 localités sans aucune concurrence.
Secondo, les résultats du scrutin révèlent que nous avons perdu des bastions, comme Dakar, Pikine, Guédiawaye, et j’en passe, qui autrefois étaient imprenables. Le seul fait de perdre Dakar et sa région est en soit une énorme défaite. Elle est d’autan plus amer que le président de la république a perdu dans son propre bureau de vote et dans son quartier du Point E. Ce qui fait que Me Wade habite maintenant un quartier dominé par l’opposition et vit dans une capitale dominée par l’opposition. En d’autres termes, le président de la république est cerné de toutes parts par l’opposition. Ce qui nous est arrivé est à la limite une humiliation. La défaite aurait été plus dramatique si nous n’avions pas gagné à Kébémer.
Tertio, les leaders de la Cap 21 ont perdu de vue que des villes comme Dakar, Thiès, Diourbel, Saint-Louis, Kaolack, qui constituent le poumon économique du Sénégal, sont tombées dans l’escarcelle de l’opposition nonobstant le fait que les réalisations du présent Wade ont été plus importantes et plus significatives dans ces villes.
Il y a deux messages importants qui sont adressés au président Wade et que la Cap 21 n'a pu décrypter, volontairement ou involontairement.
D'abord,la population demande au président Wade de changer sa façon de gouverner le pays, de prendre à bras-le-corps la crise économique et sociale, de réduire le train de vie de l’État (y compris la suppression du Sénat et la taille du gouvernement) et de moraliser le comportement des gouvernants (arrogance, exhibition de richesses, évènements folkloriques, complexe de supériorité, adoration du luxe, le 'matèye', déphasage par rapports aux préoccupations des masses populaires, promotion de l'incompétence, querelles intestines, injustices, incapacité à garder le secret des délibérations du Conseil des ministres, 'dolécratie', etc.)
Ensuite, les militants du PDS lui demandent de reprendre le parti en main, de l’unifier, de le réorganiser, de le moderniser, de le renouveler, de mettre fin à la dualité PDS-Génération du Concret et de revoir son entourage.
En lisant la déclaration des leaders de la Cap 21, j'ai le sentiment qu'ils veulent dire au président Wade et au peuple sénégalais que tout peut continuer comme avant, à l'exception de quelques petites réformettes. Adopter leur raisonnement serait une grave erreur qui nous conduirait à la perte définitive du pouvoir en 2012. Cette déclaration de la Cap 21 pose la question de pertinente de cette structure.

J’ai le plaisir de vous livrer, ci-dessous, la substance de la Déclaration triomphaliste des leaders de la Cap 21.

La Cap 21 tient à féliciter très chaleureusement le peuple sénégalais, pour l’esprit de paix, de tolérance, de dépassement et de responsabilité dont il a fait preuve, en participant, dans des proportions respectables, à un scrutin calme, apaisé, transparent, démocratique, en dépit de quelques dysfonctionnements, qui n’ont eu aucun impact significatif sur l’issue du scrutin. La conférence des leaders considère qu’il y a là une preuve de maturité politique, de culture démocratique, fruit d’une longue tradition qui s’est constituée par sédimentations successives, au travers de plusieurs décennies, dont chaque Sénégalais a des raisons d’être fier. L’héritage légué par nos prestigieux devanciers, a non seulement été préservé, mais même renforcé. Le communiqué de l’Union Européenne, donnant son point de vue sur les élections du 22 mars, ainsi que les avis exprimés par les observateurs indépendants, confirment, tous, l’ancrage de notre pays dans la démocratie. La preuve est faite que le fichier électoral est bien fiable et permet l’expression authentique du suffrage universel, tel que les électeurs et les électrices l’ont voulu. L’encre a été effectivement indélébile. La Commission électorale nationale autonome (Cena) s’est acquittée correctement de ses missions, en déployant prés de 13.000 contrôleurs, dans 13.000 centres de votes, et en supervisant les dépouillements dans les bureaux de vote et l’affichage, séance tenante, des résultats. Toutes les radios qui l’ont souhaité, toutes les télévisions, tous les organes de presse écrite ont pu ainsi communiquer les résultats sortis des urnes, directement à l’opinion. Nulle part, il n’a été noté la moindre falsification des résultats. La participation a été égale à elle-même. Puisque touts les historiens, qui ont étudié la vie politique dans notre pays, sont unanimes pour constater que la participation électorale a toujours tourné aux environs de 50 %.
Pour mémoire que le Sénégal compte : 14 Régions, 113 Communes, 46 Communes d’arrondissement, localisées essentiellement dans deux régions, celle de Thiès et celle de Dakar ; 370 Communautés rurales. Soit un total de 543 Collectivités locales.Voici la situation pour les principales coalitions et forces politiques en compétition :
Coalition Sopi 2009 : Nombre de collectivités locales gagnées 311, se décomposant ainsi : 11 régions (sur 14), 62 communes (sur 113), 12 communes d’arrondissement (sur 46) , 226 communautés rurales (sur 370) correspondant à un nombre de voix exprimées, en faveur de la Coalition Sopi 2009, de 970.220 voix.
Coalition Benno Siggil Sénégal : Nombre de collectivités locales gagnées 151, se décomposant ainsi : 03 régions (sur 14), 30 communes (sur 113), 27 communes d’arrondissement (sur 46), 91 communautés rurales (sur 370) correspondant à un nombre voix exprimées, en faveur de la Coalition Benno Siggil Sénégal, de 769.613 voix.
Coalition And Liggey Sénégal : Nombre de collectivités locales gagnées 12, se décomposant ainsi : 00 régions (sur 14), 04 communes (sur 113), 03 communes d’arrondissement (sur 46), 05 communautés rurales (sur 370) correspondant à un nombre voix exprimées, en faveur de la Coalition And Liggey Sénégal, de 203.538 voix.
Coalition Dekal Ngor : Nombre de collectivités locales gagnées 13, se décomposant ainsi : 00 régions (sur 14), 02 communes (sur 113), 00 communes d’arrondissement (sur 46) - 11 communautés rurales (sur 370) correspondant à un nombre voix exprimées, en faveur de la Coalition Dekal Ngor, de 121.477 voix.
Le PDS, seul (sans ses alliés) :Nombre de collectivités locales gagnées 14, se décomposant ainsi : 03 communes (sur 113), 11 communautés rurales (sur 370) correspondant à un nombre voix exprimées, en faveur du PDS, de 30.353 voix.
Le Parti de la Réforme (PR) : Nombre de collectivités locales gagnées 06, se décomposant ainsi : 02 communes (sur 113), 04 communautés rurales (sur 370) correspondant à un nombre voix exprimées, en faveur du Parti de la Réforme, de 14.227 voix.
And-Jëf (AJ-Pads: Nombre de collectivités locales gagnées 02, se décomposant ainsi : 02 communes (sur 113) Correspondant à un nombre voix exprimées, en faveur de Aj-Pads, de 9.478 voix.
Au total, la Majorité présidentielle a obtenu 311 collectivités locales, au titre de la Coalition Sopi 2009, 14 collectivités locales, au titre des listes « Pds » (sans alliés), 06 collectivités locales, au titre du Parti de la Réforme, 02 collectivités locales, au titre de Aj-Pads (NB : Ces chiffres ne tiennent pas compte des autres partis ayant obtenu des voix, sans pour autant gagner des collectivités locales)
Au total, le PDS et ses alliés ont obtenu 333 collectivités locales sur 543, soit, en valeur relative, un score de 61, 32 %, correspondant à 1.024.278 voix, sur un nombre de voix exprimées de 2.109.498, soit 48,55 % de suffrages exprimés.
Benno Siggil Senegal a obtenu 151 collectivités locales, soit, en valeur relative, un score de 27,81 %. Dekal Ngor a engrangé 13 collectivités locales, soit, en valeur relative, un score de 2,39 %. And Liggey Sénégal s’est adjugé 12 collectivités locales, soit, en valeur relative, un score de 2,21 %.
En termes de voix, Benno Siggil Sénégal, obtient 769.613, soit 36,48 % des suffrages exprimés. And Liggey Senegal, obtient 203.538, soit 09,64 % des suffrages exprimés. Dekkal Ngor, obtient 121.477, soit 05,7 % des suffrages exprimés. Telle est la situation du scrutin des élections locales du 22 mars 20009, sur la base d’une appréciation rigoureusement scientifique des résultats. Peut-on, au terme d’un tel constat parler de « déroute », de « débâcle », d’ « échec cuisant », de « naufrage » et que sais-je encore ? Que d’excès verbaux ! Certes, la Majorité a perdu un certain nombre de communes importantes, mais elle a dans le même mouvement conquis des bastions jusque-là imprenables, tels que la Casamance, Bakel, Kédougou, Maléme Hoddar, etc. Certes, l’opposition a remporté plus de communes d’arrondissement que la Majorité (27 contre 12), soit plus du double. Mais de la même façon, la Coalition Sopi 2009 a remporté 311 collectivités locales contre 151, soit plus du double, au détriment de l’Opposition. Autrement dit, en appliquant la même réalité des chiffres au plan national, si une élection présidentielle s’était tenue le 22 mars dernier, la Coalition Sopi l’aurait largement gagné ; s’il s’était agit de législatives, nous aurions disposé de la majorité des sièges à l’Assemblée nationale ; si c’était un référendum, la Coalition Sopi l’aurait également remportée haut la main.
La Conférence des Leaders de la Cap 21 saisit l’occasion pour rendre un hommage mérité au monde rural dans son entièreté, qui a prouvé par un vote massif qu’il était plus que jamais fidèle à la Coalition Sopi et qu’il appréciait à sa juste valeur tout ce que l’Alternance lui a apporté, depuis ce jour historique du 19 mars 2000.
La Conférence des Leaders de la Cap 21 salue également les jeunes, les femmes, les commerçants et l’écrasante majorité des populations urbaines, où les listes de la coalition Sopi auraient pu triompher si des divisions internes n’avaient dispersé ses voix.
L’exemple le plus patent est celui de Djiddah-Thiaroye Kao, qui se trouve être la commune d’arrondissement la plus vaste, et qui devrait avoir six (6) conseillers de la Coalition Sopi au niveau de la Ville ; commune où il y a eu trois listes concurrentes d’une même majorité, dont la somme des voix obtenues aurait triomphé largement. Cela dit, la Coalition Sopi ne doit pas fuir ses responsabilités. Elle doit organiser une réflexion interne. Mais non par presse interposée, pour réfléchir sur les résultats, le message qu’ils véhiculent, les attentes des populations et les redressements à opérer, avec vigueur et détermination, pour voguer vers des victoires plus importantes, lors des prochaines joutes électorales. En fin la Cap 21 a décidé de convoquer un séminaire interne dans les tout prochains jours, pour amorcer, en toute rigueur, la réflexion sur cette alerte.

jeudi, mars 26, 2009

LES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA DÉFAITE DE LA COALITION SOPI 2009

La coalition Sopi 2009 a subi une déconvenue électorale. Sa défaite est d’autant plus retentissante qu’elle a perdu la quasi-totalité des grandes villes du pays, des châteaux-forts comme Dakar et Pikine. Jamais dans l’histoire politique du pays, un parti au pouvoir n’a connu une telle déroute. En neuf (9) années au pouvoir, les libéraux constatent, comme les socialistes dans les années 90, qu’ils ne contrôlent plus que les communes rurales. Tout comme les socialistes le faisaient, certains responsables libéraux tentent d’expliquer la perte de l’électorat urbain et périurbain par les votes sanctions et une presse hostile. Le PDS d’aujourd’hui souffre des mêmes maux que le PS d’avant l’alternance. La majorité des responsables libéraux et de la génération du concret a adopté toutes les pratiques qui avaient conduit le parti socialiste à la défaite mémorable du 19 mars 2000. Le PDS ne s’est pas seulement contenté d’enrôler des transhumants, mais il a aussi adopté la mentalité du PS d’alors. Les complots de toutes sortes, les querelles intestines, l’interdiction ou la répression des marches pacifiques sous prétexte de troubles à l’ordre public, l’arrogance, le ‘matèye’, les grèves à répétition, l’instrumentalisation de la Division des investigations criminelles, la recherche d’intérêt d’individuel au détriment de l’intérêt national ou collectif, le dilatoire, la gabegie, les détournements de derniers publics, la corruption endémique, l’impunité, les manipulations constitutionnelles à des fins partisanes, l’entourage présidentiel décrié, de hauts responsables accusés de ne pas dire toute la vérité au président, l’incompétence, les campagnes agricoles désastreuses, le délabrement des écoles et des hôpitaux, les délestages de la SENELEC, le chômage chronique des jeunes, la cherté de la vie, le train de vie de l’État, la mise en place du sénat, l’accaparement des médias d’État, etc., sont des maux que nous dénoncions dans les résolutions de notre Bureau politique ou dans les déclarations de notre Secrétariat national du PDS . L’opposition d’aujourd’hui dénonce, à tord ou à raison, les mêmes maux. Tout se passe comme si le PDS est devenu le PS et le PS, le PDS.

J’aimerais, en premier lieu, exposer les facteurs explicatifs de la défaite de la coalition Sopi 2009 et, en second lieu, dégager quelques perspectives d’avenir.

La défaite de la coalition Sopi 2009 est imputable, non pas à un ou deux facteurs, mais à une conjonction de plusieurs facteurs clés. Nous pouvons citer dans le désordre :

La crise économique internationale et le train de vie de l’État

L a crise a eu un impact négatif sur le Trésor public et sur les transferts d’argent provenant des émigrés, entre autres. Ce qui, combiné à la cherté de la vie et au chômage, a accentué la demande sociale et réduit la capacité d’intervention de l’État. Le gouvernement a essayé tant bien que mal de prendre des mesures pour atténuer les effets de la crise, mais ces mesures n’ont pas été à la hauteur des attentes des populations, surtout urbaines. Il n’a pas su mettre en avant un plan national de redressement économique et social qui puisse permettre aux populations urbaines d’espérer. Il s’y ajoute que les populations n’ont noté aucune réduction du train de vie de ses gouvernants. Les responsables libéraux n’ont pas su faire preuve de modestie, ni se rapprocher des populations, pour être à leur écoute et se montrer sensible à leurs préoccupations. Au contraire, ils ont continué d’exhiber fièrement leurs richesses acquises à la seule faveur du pouvoir politique. Cette attitude n’a pas manqué de fâcher les populations et d’exposer la coalition Sopi 2009 à des sanctions populaires.

Le cumul des mandats électifs

Le cumul des mandats a été un fardeau pour beaucoup d’élus libéraux. Les responsabilités ministérielles ou parlementaires les ont éloignés de la gestion de leur commune. À quelques exceptions près, tous les cumulards ont été battus.

Le management général du PDS

Le PDS n’a pas su s’adapter à son statut de parti dominant le pouvoir. Le parti fait l’objet d’une gestion informelle et ses structures, à l’exception du Comité directeur qui se réunit sporadiquement, sont en léthargie. Les tentatives de renouvellement n’ont pas abouties. Les promotions qui se font sur des bases autres que la compétence ou le militantisme de longue date ont diminué l’ardeur de beaucoup de militants. Les complots sont devenus le moyen d’écarter tous ceux ou celles que l’on juge gênants. Ce qui a entrainé des départs de hauts responsables et de beaucoup de militants. Les responsables, qui devaient servir de relais, sont devenus inaccessibles aux militants. Leurs portes ne sont ouvertes qu’à leurs proches, aux dignitaires, aux fortunés et aux célébrités. Coupés de la base, à l’exception de leur cour de courtisans, ils sont devenus incapables de donner au président de la république un portrait fidèle de la réalité sur le terrain politique et sociale. En somme, il est difficile, voire illusoire, pour de tels responsables, de surcroît, évoluant dans un parti sans structures de base fonctionnelles, de gagner des élections locales.

La bataille en sourdine pour la succession du Président Wade

Elle a entraîné des exclusions et des démissions de beaucoup de responsables et militants qui ont renforcé l’opposition. Les pros et les adversaires de la génération du Concret se regardent en chien de faïence et se livrent à une bataille sans merci au sein même du palais présidentiel, pour le contrôle de toute parcelle de pouvoir. La logique de succession et/ ou la peur de perdre sa station a conduit beaucoup de responsables à ne plus dire la vérité au président ou à fermer les yeux sur la vérité. La lutte politique a, depuis la dernière élection présidentielle, cessé d’opposer le PDS à l’opposition. Elle est devenue une lutte inter et intra-PDS, occasionnant une perte de temps et d’énergie, reléguant la souffrance des populations au second plan et laissant le champ libre à l’opposition.

Mauvaises investitures et votes sanctions

Un parti, qui ne fonctionne pas, fait rarement de bonnes investitures. De mauvaises investitures ouvrent toujours la voie à des votes sanctions. Il s’y ajoute que la multiplication des listes parallèles et la défection de certains responsables déçus ont donné aux populations une image d’un PDS où la démocratie interne, la justice et l’équité font défaut. Le PDS, en plus de s’encombrer de souteneurs sans aucune représentativité, a été incapable de faire son unité et de conserver son statut de défenseur des masses populaires.

La Génération du Concret

Elle a enrôlé des responsables du parti et s’est approprié la réussite du Sommet de l’OCI pour se donner l’image d’un mouvement fort, tout en discréditant les militants de longue date du parti. Ce mouvement a gangréné le PDS au lieu de le renforcer .Ses responsables avaient comme objectif, déclaré ou non, la conquête du pouvoir, à l’intérieur du pouvoir. Ce qui les a amené à pousser vers la sortie tous ceux qui dans le PDS refusaient d’adhérer à cet objectif irréaliste. Les observateurs avertis de la scène politique sénégalaise ont décelé dans cet objectif une volonté de la transmission héréditaire du pouvoir par la voie des urnes. Cet aspect a porté un préjudice énorme à la campagne de la coalition Sopi 2009, surtout à Dakar. Le PDS n’a pas su demeurer clairement une seule entité avec un seul Chef et un seul but.

L’excès de confiance

Fort de ses victoires depuis 2000, le Parti n’a pas pris au sérieux les assises de l’opposition et la capacité de celle-ci à profiter de la crise économique et sociale pour rebondir. Il a pensé, à tord, que l’implication personnelle du président et de son fils suffisait largement pour gagner. L’implication du Chef a permis, tout au moins, d’amoindrir l’ampleur de la défaite. Les libéraux et leurs alliés ont sous-estimé la maturité politique du peuple sénégalais.

Gestion de l’État et des collectivités locales

La quasi-totalité des maires libéraux étaient impopulaires et éloignés des préoccupations de leurs administrés. Beaucoup étaient simplement incompétents. Malgré cet état de fait, ils ont été désignés tête de liste. Mais ce serait une erreur de réduire la défaite, seulement, à la mauvaise gestion des collectivités locales. La gestion de l’État n’a pas été des meilleures. Les populaires se sont senties laissées à elles-mêmes après la réélection du président Wade. La population endure les délestages depuis 2000. Elle subit les pénuries de gaz, la cherté de la vie, le désespoir (surtout des jeunes), la corruption, le népotisme, l’arrogance, les factures d’électricité exorbitantes, les inondations, le laisser-aller, le laisser-faire, la dégradation des mœurs, les grèves à répétition, les dysfonctionnements récurrents de l’organisation du pèlerinage à la Mecque, la mauvaise gestion, etc., alors que les gouvernants mènent une vie de pacha. Ce qui a porté ombrage aux nombreuses réalisations du président Wade dans les domaines de l’éducation, de la santé, des infrastructures, etc. La demande sociale a été insuffisamment prise en compte

L’unité de l’opposition

L’opposition a gagné surtout parce qu’elle su faire preuve d’unité dans plusieurs localités. Elle n’aurait certainement pas connu son succès si elle s’était présentée en ordre dispersé. Malgré ses moyens dérisoires, elle a su faire passer son message et se montrer proche des populations.

Perspectives

Au niveau de la gestion de l’État, il convient de décoder correctement les messages des populations, de se remettre modestement à leur écoute, de les rassurer et de proposer une stratégie nationale et concertée de sortie de crise ou de lancer un ambitieux programme national de développement économique viable et durable. Concomitamment, l’État doit s’atteler à résoudre de façon significative l’équation de la demande sociale. Le moment est venu d’abandonner toutes les mauvaises pratiques, d’opérer un changement en mettant le cap sur la prestation de services aux citoyens de qualité et le management d’excellence. Les gestionnaires publics savent que la prestation de service aux citoyens de qualité augmente toujours leur confiance envers leur gouvernement. Le management d’excellence doit mettre l’accent sur le citoyen, la promotion de l’amélioration du rendement de la gestion, le résultat, la performance et l’imputabilité, l’analyse et l’examen stratégique des dépenses de l’État, la surveillance transactionnelle et stratégique des pratiques de gestion et du contrôle accru des résultats et de la performance à l’échelle nationale, le contrôle efficace et la saine gestion des sociétés nationales et des agences. Beaucoup de pays, dont la France et les États-Unis, sont en train de s’inspirer du Canada qui dispose d’un Conseil du Trésor doté d’un Secrétariat qui est appelé Centre d’excellence en management du gouvernement. Le Secrétariat du Conseil du Trésor fait office de conseil de gestion, de bureau du budget et de la gestion ressources humaines de l’administration publique fédérale. Il édicte le cadre de responsabilisation de gestion gouvernemental, les politiques de gestion, les directives, les normes et les guides à l’intention des gestionnaires publics. Il surveille et évalue la gestion de tous les ministères et veille à ce que l’argent du contribuable soit bien dépensé. Le président Wade pourrait s’en inspirer pour améliorer la gestion publique. Cela suppose une réforme de l’administration publique en mettant l’accent sur l‘amélioration des pratiques de gestion. Les pays qui ont réussi cette réforme ont pu réduire leurs dépenses budgétaires de l’ordre de 30 à 35% grâce à des gains d’efficacité sur les coûts du système toute en améliorant la prestation de service aux citoyens. Ce programme de gestion des ressources de l’État doit être exécuté par de véritables gestionnaires publics de façon à optimiser la rentabilité des programmes, l’efficacité et l’efficience de la prestation des services gouvernementaux, tout en veillant à ce que le gouvernement puisse prendre des décisions efficaces et réaliser ses priorités. Ce virage de la gestion implique que la gestion revienne aux professionnels de la gestion et non aux beaux parleurs et aux théoriciens de tous bords qui ne sont pas formés pour poser le plus petit geste en gestion, à savoir l’implantation d’un tableau de bord. Dans le cadre de cette approche, chaque ministère doit élaborer une architecture des activités de programmes et produire deux rapports annuels au parlement et au public : D’abord, un rapport sur le rendement y compris les résultats atteints ou attendus surtout en termes de création d’emploi et de réduction de la pauvreté, le détail des dépenses de programme et ensuite un autre sur les plans et priorités. Ce qui fait qu’à la fin de chaque exercice budgétaire, le gouvernement pourra présenter au président de la république, au parlement et au peuple, un rapport sur le rendement du Sénégal. Chaque gestionnaire d’agence nationale ou d’organisme public ou encore parapublic doit signer avec l’État un contrat de performance et d’imputabilité qui fixera le cadre de gestion et les résultats à atteindre. Ce qui contribuera à éviter les dérapages budgétaires.

Au plan politique nationale, il serait approprier de réduire la taille du gouvernement, de dissoudre le sénat ainsi que les agences ou organismes qui occasionnent des dédoublements inutiles et d’ouvrir rapidement un dialogue avec l’opposition en vue d’apaiser le climat politique et de poser les jalons de la mise sur pied d’un gouvernement d’union nationale. Au niveau du parti démocratique sénégalais, il convient de convoquer rapidement les instances nationales et de base afin de tirer le bilan du scrutin du 22 mars 2009. La Génération du Concret doit intégrer les rangs du PDS et participer à sa redynamisation. Cela ne devrait pas poser problème car la quasi-totalité de ses responsables se réclament du parti ou sont y sont issus. L’urgence sera de redynamiser le parti, de moderniser son management, de renouveler toutes ses instances, de convoquer un congrès pour valider tout le processus de modernisation. C’est la seule voie qui pourra permettre au libéraux de rebondir et de dire, comme le Général De Gaulle, qu’ils ont perdu une bataille, mais pas la guerre ou encore de dire, comme Obama, yes we can!