mardi, janvier 27, 2009

Affaire Macky Sall: Halte au complot!

J’ai été piqué au vif ce matin, lorsqu’un observateur étranger et averti, de la scène politique sénégalaise m’interpella en ces termes : « Le pouvoir sénégalais est –il devenu le lit des comploteurs et des charlatans politiques? ».
Il ne manquera certainement pas de trouver sa réponse dans cette réflexion militante. Je voudrais, à l’entame de mon propos, lui rappeler que Me Abdoulaye Wade, Secrétaire général national du parti démocratique sénégalais (PDS), avait voulu, dès son accession au pouvoir, donner une leçon de démocratie à l’Afrique toute entière, en refusant de se livrer à une chasse aux sorcières. Il avait aussi exprimé sa volonté de réparer toutes les injustices perpétrées durant le règne des socialistes, de promouvoir toutes les libertés et les droits des citoyens. C’est pourquoi, il est regrettable, aujourd’hui, de constater que le régime en place s’éloigne de plus en plus des principes pour lesquelles nous nous étions battus. La chasse aux sorcières n’a pas eu lieu pour ceux ou celles qui avaient pillé le pays quarante années durant. Mais, curieusement, cette chasse est en cours contre ceux ou celles qui s’étaient sacrifiés pour que le PDS et son leader accèdent au pouvoir. À chaque secousse du cocotier, nous constatons que ce sont des militants des années de ‘braise’ qui tombent, non parce qu’ils ne sont pas solides, mais parce qu’ils ne trouvent aucune avenue qui respecte leur dignité et leur honneur. Ils préfèrent tomber et se battre pour se relever car l’endurance qu’ils ont acquise durant la période oppositionnelle peut leur permettre de rebondir. De plus en plus méconnaissable, la prairie bleue est devenue presque verdâtre, infestée qu’elle est, de parasites, d’opportunistes de tous bords, de comploteurs invertébrés, attirés par la mayonnaise libérale. Autrement dit, des pans entiers du pouvoir sont tenus par des arrivistes sans foi, tapis dans l’ombre, et qui ne sont guidés que par les positions de pouvoir et d’argent. Pour eux, la fin justifie toujours les moyens. Ils sont renforcés par l’attitude silencieuse, attentiste voire complice de certains ‘PDS de souche’, qui, préoccupés par la sauvegarde de leur station, ont préféré fermer leurs yeux et boucher leurs oreilles, devant la forfaiture qui est en train de s’opérer. C’est dans cette logique d’altération de ce qui faisait de nous de fiers PDS et wadistes, qu’il faut situer le complot oudi contre Macky Sall et sa bande. Je dis bien complot, car c’est de cela qu’il s’agit vraiment. Des députés de la coalition sopi, constatant que Macky, contrairement à son prédécesseur, était avare dans la distribution des fonds politiques de l’Assemblée nationale, ont décidé de tout faire pour le démettre. Tout ce qui est retenu contre lui relève de cette machination éhontée. Je ne suis pas et je n’ai jamais été un partisan de Macky Sall. Je ne l’ai pas rencontré lors de son séjour au Canada, son parti ne m’intéresse pas et je ne lui doit rien du tout. Je suis un libéral depuis 24 ans. J’avais 16 ans lorsque le vieux Abou Touré, alors président de la fédération PDS de Pikine m’a vendu ma première carte de membre. J’ai été responsable des élèves travaillistes, Secrétaire aux relations extérieures de l’UJTL et du MEEL, Vice-président de la Fédération internationale des jeunesses libérales et radicales, membre du Secrétariat national et du Bureau politique du PDS, Secrétaire général et fondateur de la Fédération PDS du Canada, gréviste de la faim pour la libération de Me Wade de prison, président de l’amicale des étudiants de la faculté des sciences économiques et de gestion et membre de la Coordination des étudiants de Dakar (CED). Fidèle à mes convictions de toujours, j’ai décidé d’écrire ces lignes pour dire non au chantage, non à la violation des droits et libertés, non à l’utilisation d’arrivistes, de faux militants, de transhumants, de militants de la 25ème heure, de l’administration ou de la justice pour ourdir des complots contre d’honnêtes citoyens. Ces complots ont fini de faire de tous les responsables du PDS et du pouvoir des malpropres virtuels ou de potentiels suspects. Car, à chaque fois qu’ils réussissent un forfait, la personne cueillie est tout de suite présentée comme un mal propre, un bandit des grands chemins. Quand elle revient au PDS, elle devient blanche comme neige. On est propre, seulement, quand on n’a pas de problèmes. C’est cette conception de la politique basée sur la machination et le piétinement des valeurs, des droits et des libertés, pour avancer, que j’ai décidé de dénoncer et combattre. La gestion informelle du parti n’est pas étrangère à ce qui se passe. Elle a avantagé certains responsables nationaux influents car ils leur ont permis de se bâtir une cour de courtisans opportunistes sur la base de promotions dans l’appareil d’État basées non pas sur le mérite, mais sur le parrainage, le sentimentalisme, le régionalisme, l’amitié, la parenté, le voisinage ou sur des considérations d’ordre confrériques. Conséquemment, le militantisme alimentaire et la confusion ont pris le dessus sur le militantisme de conviction, la clarté, la logique, la persévérance et la foi au combat du parti. Ces dernières caractéristiques, qui cimentaient le parti, ne sont aujourd’hui qu’un lointain souvenir. Ce qui a défavorisé les militants des années de ‘braise’ et permis d’accorder une place exagérément grande aux transhumants et aux militants de la 25ème heure dans l’exercice du pouvoir, altérant, du même coup, la cohésion et les relations de fraternité qui prévalaient dans le parti. Les transhumants et les militants de la 25ème heure, à la faveur des positions qu’ils ont acquis dans le pouvoir, ont été érigés de facto en responsables nationaux et ce, sans s’assurer, au préalable, qu’ils aient eu une connaissance acceptable du parti et de ses modes de fonctionnement. Ces militants de circonstance ne défendent jamais le parti ou son leader car ils ont peur que les casseroles qu’ils traînent ne soient teintées. Un de ces militants spéciaux, qui avait entendu parler de moi lors de passage au Canada, m’a récemment rendu une visite de courtoisie. Lors de notre discussion, je lui ai posé deux questions : Que connaissais-vous du PDS? Que pensez-vous de Me Wade et de sa gestion du pays?
Il m’a simplement répondu, pour la première question, que le PDS est un bon parti et que Gorgui est un homme généreux, pour la deuxième question. Bon et généreux, c’est tout ce que ce haut responsable retient du PDS, de son leader et de la gestion du pays. Les québécois diront que c’est vraiment pathétique. Pathétique aussi est la machination ourdi contre Macky Sall. Ce complot ignominieux honore pas leurs auteurs, pas plus qu’elle n’honore le PDS ou la grandeur de l’homme qu’il est sensé servir. Les arguments servis par le ministère de l’intérieur pour ne pas reconnaitre le parti de Macky et l’accusation de blanchiment d’argent portée contre lui sont une insulte à l’intelligence des sénégalais, de même que les mensonges d’État servis lors des émeutes de Kédougou. L’acharnement envers Macky et ses affidés a une double fonction. D’un côté, il permet aux comploteurs de présenter des gages d’une fausse loyauté à Karim Wade. C’est que j’appelle la fonction manipulatrice. De l’autre, il leur permet, de gagner d’avance, la faveur d’Idrissa Seck, étant donné que le retour de celui-ci est quasiment acquis. C’est ce que j’appelle la fonction doungouriste ou mesquine. Ces deux fonctions opèrent en sens inverse l’un de l’autre et peuvent, dans certaines circonstances, interférer l’un dans l’autre. J’en appelle donc au sens des responsabilités du Président Wade pour qu’il mette un terme à cette réflexivité machinatrice, pour éviter que la justice et le caractère démocratique de notre pays ne soient ternis, une fois de plus. Il y a encore dans le PDS, des hommes dignes, honnêtes, de vrais patriotes qui savent se battre pour les intérêts du pays, qui savent ce que signifient la liberté et la démocratie, qui sont respectueux de la devise du parti : dignité-justice-fraternité. Ils se souviennent de ce qu’ils ont vécu dans l’opposition. Ils refuseront mettront fin aux complots et les machinations qui sont en train de devenir une règle dans le parti et dans l’appareil d’État. Un puissant mouvement libéral composé de très hauts responsables du parti et de l’État, de présidents et de secrétaires généraux de fédération, de militants des années de braise et de cadres évoluant tant á l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, sera bientôt lancé pour contrer les comploteurs et les tenants d’une ligne visant à saborder le parti pour assouvir des ambitions personnelles. Il sera dirigé par des cadres établis hors du pays et de l’appareil d’État pour éviter toutes représailles. Après les élections locales, ce mouvement les traquera comme ils ne l’ont jamais été dans leur vie et les démasquera et ce, peu importe leur puissance dans l’appareil d’État, leur protecteur ou le mouvement auquel se réclament. Ils verront bientôt. Macky Sall a démissionné du parti, à défaut de travailler pour le ramener au bercail libéral, la seule option qui vaille, c’est de l’affronter et de le battre sur le terrain politique. Les élections locales offrent cette opportunité.


Djibril Sambou, Ottawa, Canada
dsambou@sympatico.ca