jeudi, février 11, 2010

Le Parti démocratique sénégalais libéral (PDSL) est mal parti.

C’est la première fois dans l’histoire de la démocratie moderne qu’un parti politique, pour renouveler ses instances, vende des cartes, autres que les siennes. Qui plus est, les cartes d’un parti qui n’est pas encore constitué. Nous savions le caractère informel du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir au Sénégal), mais là, c’est le summum. Le PDS vient de faire mauvaise école dans le domaine de la science politique en étalant son archaïsme à la face du monde.

En réponse aux appels de plus en pressentes pour la modernisation du parti, le Secrétaire général national annonce la reprise en main du parti et formule, dans un premier temps, une proposition visant à changer le nom du PDS en PDSL (Parti démocratique sénégalais libéral) pour, entre autres raisons, réaffirmer l’ancrage au libéralisme. C’est une reconnaissance implicite du quasi noyautage de son parti par les ex (ex- socialistes, ex-marxiste lénisites, ex-trotskistes, ex-maoïstes, ex-nationalistes, ex-républicains, etc.) et les mouvements périphériques, mais également de la faiblesse idéologique et doctrinale des militants de la 25ème heure pour ce qui a trait au libéralisme.

Dans un second temps, il convoque des responsables de son parti et quelques leaders de partis alliés au Palais de la république pour leur informer de sa décision de lancer les opérations de renouvellements des instances et de confier la fonction de coordinateur à Farba Senghor pour le seconder. Ce vaillant militant devient implicitement le numéro deux du parti. Jusque-là, nous ne pouvons que nous en féliciter.

Mais grande a été notre surprise d’apprendre que ce sont des cartes estampillées PDSL qui sont mises en vente. Comment peut-on prétendre renouveler le PDS en vendant des cartes du PDSL, un parti qu’il n’existe pas? C’est la question que se posent encore beaucoup de sénégalais.

Elle est d’autant plus pertinente qu’aucune instance nationale n’a validé cette procédure et qu’un aucun congrès n’a été tenu pour dissoudre le PDS. Il y a eu manifestement une violation flagrante des statuts du PDS et maldonne dans la «gestation» du PDSL. À quoi bon de se doter de textes constitutifs si personne ne les respecte ou ne les fais respecter?

En réalité, pour éviter cette maldonne, seuls deux options étaient possibles: Premièrement, convoquer le congrès pour dissoudre le PDS et créer le PDSL, ou deuxièmement, renouveler le parti avec des cartes du PDS (et non du PDSL) avant de changer les statuts du PDS en PDSL au cours d’un congrès.

La procédure en cours pose, inéluctablement, les germes de la contestation des résultats qui sortiront de ces renouvellements. En effet, tout militant, peut ester en justice pour faire invalider la procédure. Les statuts ont force de loi pour tout militant, y compris Me Abdoulaye Wade qui, en sa qualité de Chef, a l’obligation de les respecter et de les faire respecter. On ne peut, sur la base de la vente de cartes, autres que celles du PDS, délester un responsable de ses fonctions électives dans le parti. Le règlement intérieur interdit très clairement à tout militant ou militante de détenir la carte d’un autre parti légalement constitué ou non. C’est un motif d’exclusion. Ceux qui affirment qu’acheter la carte du PDSL, c’est s’auto-exclure du PDS, n’ont pas tout à fait tords. C’est sans doute, conscient de ce danger, que certains responsables versent dans le confusionnisme en avançant que le PDS et le PDSL sont une même entité. Ils ignorent sans doute qu’en ajoutant un ‘’L’’ au sigle, on obtient autre chose que le PDS, ce patrimoine accumulé à la suite d’énormes sacrifices. D’ailleurs ce débat a été tranché par la justice lors de mise en orbite du PDS/R par M. Serigne Diop et sa bande.

Le lait est tiré, il faut le boire pour faire passer la pilule, me dirons certains.

À ceux-là, je répondrais que le lait tiré est frelaté et qu’en démocratie, la fin ne justifie pas les moyens. Toutefois, il est encore possible de rectifier le tir. Pour ce faire, il s’agira de faire valider le processus de renouvellement par le Bureau politique et de retirer de la circulation les cartes du PDSL pour les remplacer par les cartes du PDS.

D’autres, seraient tenté de m’accuser d’être contre les renouvellements.

À ceux-là, je répondrais que je suis depuis longtemps un fervent partisan du renouvellement et de la modernisation du parti comme en témoignent mes nombreuses prises de positions à ce sujet.

Il vrai que je suis un partisan du statut quo en ce qui trait au changement de nom du parti. Je reste convaincu que changer le nom du PDS n’apporterait rien de nouveau. Ce serait tout au plus poser un acte de lèse majesté, doublée d’une volonté de détournement d’une formidable œuvre démocratique, ancrée dans les annales de l’histoire. C’est comme si on décidait de changer le nom d’Abdoulaye Wade par Laye Tally pour créer un leadership nouveau en oubliant que dans la conscience populaire et dans l’histoire, il restera toujours l’homme du 31 juillet 1974 et du 19 mars 2000.

Finalement, ce qui importe vraiment, c’est de renouveler le PDS par des cartes du PDS, de moderniser son fonctionnement, d’incarner le peuple au lieu d’incarner les princes du golf, de changer les comportements nuisibles, de répondre aux attentes des populations qui nous ont sanctionnés dans les grandes villes et de mettre un terme à cette incapacité criarde de punir sévèrement et durablement les actes de mauvaise gestion des deniers publics. Le ‘Sopi Bé Faaw’ doit passer par là.

dsambou@sympatico.ca