jeudi, décembre 25, 2025

Lettre ouverte aux députés du Groupe Pastef- les Patriotes

Sénégal : Vers un affrontement Sonko-Diomaye ? Les députés Pastef sommés d'agir.

La crise que connaît actuellement le Sénégal appelle une intervention urgente des députés du groupe Pastef les Patriotes. Alors qu'une confrontation politique brutale se profile entre le Président Ousmane Sonko et le Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye, la majorité parlementaire détient les clés d'une réforme constitutionnelle qui pourrait éviter le pire. Les parlementaires ont le devoir d'agir avant qu'il ne soit trop tard.

Lettre ouverte aux députés du groupe Pastef – Les Patriotes

Honorables députés,

Je vous adresse cette lettre ouverte afin d'attirer votre attention sur la nécessité de prendre des mesures proactives pour éviter une confrontation politique majeure entre le Président Ousmane Sonko et le Président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Nous constatons que le Président de la République est en train de prendre ses distances avec le PASTEF, cherchant à construire une légitimité politique propre qui pourrait, éventuellement, lui permettre de briguer un second mandat. Cette stratégie d'émancipation ne laisse planer aucun doute sur sa direction. Malgré les appels répétés du Président Sonko en faveur d'un retour du Président Diomaye Faye dans le parti, celui-ci demeure silencieux et inflexible. Or, toute perspective de réélection pour le Président Diomaye Faye ne pourrait se faire qu'au détriment du Président Sonko, soit par une nouvelle élimination judiciaire, soit par une tentative soutenue de le décrédibiliser. Cette stratégie d'élimination, amorcée sous Macky Sall en 2024, reste le souhait le plus profond des partisans du système, aujourd'hui devenus les plus ardents défenseurs du Président de la République.

La rapidité avec laquelle le système, avec ses ramifications héritées de la Françafrique, semble s'être accaparé du Président Diomaye a surpris plus d'un. Le maintien en fonction de nombreux magistrats ayant contribué à l'élimination du Président Sonko en 2024 devrait également susciter votre vigilance. Beaucoup de patriotes constatent aujourd'hui, avec regret, que la rupture promise s'est muée en continuité déguisée. Le Président de la République s'éloigne davantage de la rupture et de la transformation systémique attendues, pour s'inscrire plutôt dans un « changement dans la continuité ». Une telle orientation apparaît en décalage avec les aspirations exprimées : démantèlement du système, justice pour les martyrs, reddition crédible des comptes et quête d'une véritable souveraineté, y compris monétaire.


Honorables députés,

Le Président de la République a lui-même reconnu que son Premier ministre est constitutionnellement faible. Dès le début de son mandat, il avait annoncé son intention de renforcer les pouvoirs du Premier ministre. Cela n'a pas été suivi d'effet. Alors pourquoi attendre qu'il agisse, alors que vous, députés de la majorité, pouvez le faire ?

Par ailleurs, lorsque le Président Ousmane Sonko demande qu'on le laisse gouverner, cette demande s'adresse non seulement au Président de la République, mais aussi à vous, députés. Vous avez le pouvoir de faire une proposition de loi pour réviser la Constitution et permettre au Premier ministre de disposer des moyens nécessaires pour gouverner pleinement. L'article 103 de la Constitution est clair : l'initiative de la révision appartient concurremment au Président de la République et aux députés.


Honorables députés,

Afin de rééquilibrer les pouvoirs au sein de l'exécutif et de garantir la bonne exécution du projet politique, il apparaît nécessaire de renforcer les prérogatives du Premier ministre en modifiant la Constitution actuelle qui concentre trop de pouvoirs entre les mains d'un président sans pouvoir politique réel. À moyen terme, un tel président deviendrait dangereux pour la démocratie et les libertés. C'est pourquoi je vous propose les sept (7) modifications constitutionnelles essentielles suivantes :

1. Transférer les pouvoirs essentiels au Premier ministre; les articles suivants doivent être révisés pour renforcer le poste de Premier ministre :

Article 42 : Le Premier ministre détermine la politique de la Nation

Article 43 : Le Premier ministre signe les ordonnances et décrets

Article 44 : Le Premier ministre nomme aux emplois civils

Article 90 : Le Premier ministre nomme les magistrats

En déterminant la politique de la Nation, le Premier ministre deviendrait Président du Conseil supérieur de la magistrature, ce qui lui permettrait d'assainir enfin l'appareil judiciaire et d'y installer des juges dignes de ce nom.

2. Le Conseil constitutionnel devrait être transformé en Cour constitutionnelle, renforçant ainsi le contrôle de constitutionnalité.

3. Les fonds spéciaux, communément appelés « fonds politiques », doivent être strictement encadrés et placés sous le contrôle exclusif du Premier ministre. Sans ces « fonds politiques » et sans les articles de la Constitution qui font de lui un monarque constitutionnel, le Président de la République n'aurait plus les moyens de contrecarrer les aspirations du Premier ministre.

4. L'article 49 doit être modifié pour stipuler que le Président de la République doit obligatoirement nommer le chef du parti ou de la coalition majoritaire au poste de Premier ministre. Ce dernier nommerait les ministres, fixerait leurs attributions et mettrait fin à leurs fonctions.

5. Une redistribution du commandement des forces de défense et de sécurité qui ferait du Premier ministre le chef suprême de la police et de la gendarmerie, tandis que le Président de la République ne conserverait que le commandement suprême de l'armée (amputée de la gendarmerie).

6. Encadrement des pouvoirs exceptionnels : L'article 52 qui accorde des pouvoirs exceptionnels au Président de la République doit être adouci pour éviter toute velléité de dérive autoritaire.

7. Et c'est crucial, une disposition transitoire doit stipuler que ces modifications s'appliqueraient au mandat en cours.

Une autre alternative serait de supprimer le poste de Premier ministre pour instaurer un poste de Vice-président doté des attributions proposées ci-dessus. Cette architecture institutionnelle éliminerait le déséquilibre dans la répartition des pouvoirs exécutifs. Sans ces réformes constitutionnelles, la rupture s'imposerait difficilement ou serait vidée de son sens et le Premier ministre ne pourrait mettre en œuvre le projet ni se présenter en 2029 sans obstacles majeurs.


Honorables députés,

Pour terminer, je n’oublie pas la modification du Code électoral pour exclure les condamnations pour diffamation du champ de l’inéligibilité. La responsabilité historique vous incombe. Le peuple sénégalais a donné au Président Ousmane Sonko une majorité parlementaire pour lui permettre de gouverner tranquillement. Pas pour qu'il soit entravé par une Constitution monarchique. Pas pour qu'il soit neutralisé par un Président de la République rallié au système.

Si des obstacles constitutionnels l'empêchent de mener sa mission, vous devez prendre le leadership en proposant des lois habilitantes ou en modifiant la Constitution pour faciliter son action. Le peuple ne vous pardonnera pas de laisser le Président Ousmane Sonko se battre seul contre un système renaissant, désormais en connivence avec le Président de la République. Vous avez été élus, entre autres, pour contrôler la mise en œuvre de la transformation systémique du Sénégal, pas pour assister, impuissants, à la capture de la révolution par les forces que nous voulions abattre. Le temps de l'action parlementaire est venu! Vous détenez aujourd'hui le pouvoir d'éviter une crise politique majeure. Allez-vous l'utiliser? La balle est dans votre camp. Le compte à rebours a commencé. Agissez maintenant, ou l'Histoire retiendra que vous aviez le pouvoir de sauver le projet et son Chef historique, mais que vous avez choisi le silence ou l’indifférence. Après l'élection du Président Sonko en 2029, une nouvelle Constitution pourrait être soumise au peuple, par référendum. 

Veuillez agréer, honorables députés, l'expression de mes sentiments patriotiques les plus ardents.

Vive le Sénégal souverain ! Vive la révolution patriotique !


Djibril Sambou 

Dsambou400@gmail.com

Gatineau, Canada