vendredi, avril 03, 2009

SCRUTIN DU 22 MARS: LA CAP 21 FAIT FAUSSE ROUTE

La Conférence des Leaders de la Cap 21 s’est réunie pour procéder à une évaluation des résultats des élections locales du 22 mars 2009. La Déclaration dont j’ai obtenu copie analyse le scrutin sous un angle triomphaliste. Certainement pour plaisir au président de la république. La Cap 21 n’a certainement pas compris le message des électeurs. Elle n’a pas, non plus, compris que l’heure du camouflage de la vérité est révolue. La vérité, toute vérité doit être dite au frère Secrétaire général national. L’analyse de la Cap 21 n’est pas fausse, loin delà, mais elle est, à mon avis, incomplète et trop partisane car elle ignore des faits extrêmement importants.
Primo, une comparaison de la réalité issue du scrutin du 22 mars à celle qui prévalait antérieurement aurait permis aux leaders de la Cap 21 de se rendre compte que le PDS et ses alliés n’ont pas été victorieux, mais qu’ils ont, au contraire, perdu beaucoup de terrain. Il s'y ajoute le fait que la coalition Sopi 2009 a gagné 105 localités sans aucune concurrence.
Secondo, les résultats du scrutin révèlent que nous avons perdu des bastions, comme Dakar, Pikine, Guédiawaye, et j’en passe, qui autrefois étaient imprenables. Le seul fait de perdre Dakar et sa région est en soit une énorme défaite. Elle est d’autan plus amer que le président de la république a perdu dans son propre bureau de vote et dans son quartier du Point E. Ce qui fait que Me Wade habite maintenant un quartier dominé par l’opposition et vit dans une capitale dominée par l’opposition. En d’autres termes, le président de la république est cerné de toutes parts par l’opposition. Ce qui nous est arrivé est à la limite une humiliation. La défaite aurait été plus dramatique si nous n’avions pas gagné à Kébémer.
Tertio, les leaders de la Cap 21 ont perdu de vue que des villes comme Dakar, Thiès, Diourbel, Saint-Louis, Kaolack, qui constituent le poumon économique du Sénégal, sont tombées dans l’escarcelle de l’opposition nonobstant le fait que les réalisations du présent Wade ont été plus importantes et plus significatives dans ces villes.
Il y a deux messages importants qui sont adressés au président Wade et que la Cap 21 n'a pu décrypter, volontairement ou involontairement.
D'abord,la population demande au président Wade de changer sa façon de gouverner le pays, de prendre à bras-le-corps la crise économique et sociale, de réduire le train de vie de l’État (y compris la suppression du Sénat et la taille du gouvernement) et de moraliser le comportement des gouvernants (arrogance, exhibition de richesses, évènements folkloriques, complexe de supériorité, adoration du luxe, le 'matèye', déphasage par rapports aux préoccupations des masses populaires, promotion de l'incompétence, querelles intestines, injustices, incapacité à garder le secret des délibérations du Conseil des ministres, 'dolécratie', etc.)
Ensuite, les militants du PDS lui demandent de reprendre le parti en main, de l’unifier, de le réorganiser, de le moderniser, de le renouveler, de mettre fin à la dualité PDS-Génération du Concret et de revoir son entourage.
En lisant la déclaration des leaders de la Cap 21, j'ai le sentiment qu'ils veulent dire au président Wade et au peuple sénégalais que tout peut continuer comme avant, à l'exception de quelques petites réformettes. Adopter leur raisonnement serait une grave erreur qui nous conduirait à la perte définitive du pouvoir en 2012. Cette déclaration de la Cap 21 pose la question de pertinente de cette structure.

J’ai le plaisir de vous livrer, ci-dessous, la substance de la Déclaration triomphaliste des leaders de la Cap 21.

La Cap 21 tient à féliciter très chaleureusement le peuple sénégalais, pour l’esprit de paix, de tolérance, de dépassement et de responsabilité dont il a fait preuve, en participant, dans des proportions respectables, à un scrutin calme, apaisé, transparent, démocratique, en dépit de quelques dysfonctionnements, qui n’ont eu aucun impact significatif sur l’issue du scrutin. La conférence des leaders considère qu’il y a là une preuve de maturité politique, de culture démocratique, fruit d’une longue tradition qui s’est constituée par sédimentations successives, au travers de plusieurs décennies, dont chaque Sénégalais a des raisons d’être fier. L’héritage légué par nos prestigieux devanciers, a non seulement été préservé, mais même renforcé. Le communiqué de l’Union Européenne, donnant son point de vue sur les élections du 22 mars, ainsi que les avis exprimés par les observateurs indépendants, confirment, tous, l’ancrage de notre pays dans la démocratie. La preuve est faite que le fichier électoral est bien fiable et permet l’expression authentique du suffrage universel, tel que les électeurs et les électrices l’ont voulu. L’encre a été effectivement indélébile. La Commission électorale nationale autonome (Cena) s’est acquittée correctement de ses missions, en déployant prés de 13.000 contrôleurs, dans 13.000 centres de votes, et en supervisant les dépouillements dans les bureaux de vote et l’affichage, séance tenante, des résultats. Toutes les radios qui l’ont souhaité, toutes les télévisions, tous les organes de presse écrite ont pu ainsi communiquer les résultats sortis des urnes, directement à l’opinion. Nulle part, il n’a été noté la moindre falsification des résultats. La participation a été égale à elle-même. Puisque touts les historiens, qui ont étudié la vie politique dans notre pays, sont unanimes pour constater que la participation électorale a toujours tourné aux environs de 50 %.
Pour mémoire que le Sénégal compte : 14 Régions, 113 Communes, 46 Communes d’arrondissement, localisées essentiellement dans deux régions, celle de Thiès et celle de Dakar ; 370 Communautés rurales. Soit un total de 543 Collectivités locales.Voici la situation pour les principales coalitions et forces politiques en compétition :
Coalition Sopi 2009 : Nombre de collectivités locales gagnées 311, se décomposant ainsi : 11 régions (sur 14), 62 communes (sur 113), 12 communes d’arrondissement (sur 46) , 226 communautés rurales (sur 370) correspondant à un nombre de voix exprimées, en faveur de la Coalition Sopi 2009, de 970.220 voix.
Coalition Benno Siggil Sénégal : Nombre de collectivités locales gagnées 151, se décomposant ainsi : 03 régions (sur 14), 30 communes (sur 113), 27 communes d’arrondissement (sur 46), 91 communautés rurales (sur 370) correspondant à un nombre voix exprimées, en faveur de la Coalition Benno Siggil Sénégal, de 769.613 voix.
Coalition And Liggey Sénégal : Nombre de collectivités locales gagnées 12, se décomposant ainsi : 00 régions (sur 14), 04 communes (sur 113), 03 communes d’arrondissement (sur 46), 05 communautés rurales (sur 370) correspondant à un nombre voix exprimées, en faveur de la Coalition And Liggey Sénégal, de 203.538 voix.
Coalition Dekal Ngor : Nombre de collectivités locales gagnées 13, se décomposant ainsi : 00 régions (sur 14), 02 communes (sur 113), 00 communes d’arrondissement (sur 46) - 11 communautés rurales (sur 370) correspondant à un nombre voix exprimées, en faveur de la Coalition Dekal Ngor, de 121.477 voix.
Le PDS, seul (sans ses alliés) :Nombre de collectivités locales gagnées 14, se décomposant ainsi : 03 communes (sur 113), 11 communautés rurales (sur 370) correspondant à un nombre voix exprimées, en faveur du PDS, de 30.353 voix.
Le Parti de la Réforme (PR) : Nombre de collectivités locales gagnées 06, se décomposant ainsi : 02 communes (sur 113), 04 communautés rurales (sur 370) correspondant à un nombre voix exprimées, en faveur du Parti de la Réforme, de 14.227 voix.
And-Jëf (AJ-Pads: Nombre de collectivités locales gagnées 02, se décomposant ainsi : 02 communes (sur 113) Correspondant à un nombre voix exprimées, en faveur de Aj-Pads, de 9.478 voix.
Au total, la Majorité présidentielle a obtenu 311 collectivités locales, au titre de la Coalition Sopi 2009, 14 collectivités locales, au titre des listes « Pds » (sans alliés), 06 collectivités locales, au titre du Parti de la Réforme, 02 collectivités locales, au titre de Aj-Pads (NB : Ces chiffres ne tiennent pas compte des autres partis ayant obtenu des voix, sans pour autant gagner des collectivités locales)
Au total, le PDS et ses alliés ont obtenu 333 collectivités locales sur 543, soit, en valeur relative, un score de 61, 32 %, correspondant à 1.024.278 voix, sur un nombre de voix exprimées de 2.109.498, soit 48,55 % de suffrages exprimés.
Benno Siggil Senegal a obtenu 151 collectivités locales, soit, en valeur relative, un score de 27,81 %. Dekal Ngor a engrangé 13 collectivités locales, soit, en valeur relative, un score de 2,39 %. And Liggey Sénégal s’est adjugé 12 collectivités locales, soit, en valeur relative, un score de 2,21 %.
En termes de voix, Benno Siggil Sénégal, obtient 769.613, soit 36,48 % des suffrages exprimés. And Liggey Senegal, obtient 203.538, soit 09,64 % des suffrages exprimés. Dekkal Ngor, obtient 121.477, soit 05,7 % des suffrages exprimés. Telle est la situation du scrutin des élections locales du 22 mars 20009, sur la base d’une appréciation rigoureusement scientifique des résultats. Peut-on, au terme d’un tel constat parler de « déroute », de « débâcle », d’ « échec cuisant », de « naufrage » et que sais-je encore ? Que d’excès verbaux ! Certes, la Majorité a perdu un certain nombre de communes importantes, mais elle a dans le même mouvement conquis des bastions jusque-là imprenables, tels que la Casamance, Bakel, Kédougou, Maléme Hoddar, etc. Certes, l’opposition a remporté plus de communes d’arrondissement que la Majorité (27 contre 12), soit plus du double. Mais de la même façon, la Coalition Sopi 2009 a remporté 311 collectivités locales contre 151, soit plus du double, au détriment de l’Opposition. Autrement dit, en appliquant la même réalité des chiffres au plan national, si une élection présidentielle s’était tenue le 22 mars dernier, la Coalition Sopi l’aurait largement gagné ; s’il s’était agit de législatives, nous aurions disposé de la majorité des sièges à l’Assemblée nationale ; si c’était un référendum, la Coalition Sopi l’aurait également remportée haut la main.
La Conférence des Leaders de la Cap 21 saisit l’occasion pour rendre un hommage mérité au monde rural dans son entièreté, qui a prouvé par un vote massif qu’il était plus que jamais fidèle à la Coalition Sopi et qu’il appréciait à sa juste valeur tout ce que l’Alternance lui a apporté, depuis ce jour historique du 19 mars 2000.
La Conférence des Leaders de la Cap 21 salue également les jeunes, les femmes, les commerçants et l’écrasante majorité des populations urbaines, où les listes de la coalition Sopi auraient pu triompher si des divisions internes n’avaient dispersé ses voix.
L’exemple le plus patent est celui de Djiddah-Thiaroye Kao, qui se trouve être la commune d’arrondissement la plus vaste, et qui devrait avoir six (6) conseillers de la Coalition Sopi au niveau de la Ville ; commune où il y a eu trois listes concurrentes d’une même majorité, dont la somme des voix obtenues aurait triomphé largement. Cela dit, la Coalition Sopi ne doit pas fuir ses responsabilités. Elle doit organiser une réflexion interne. Mais non par presse interposée, pour réfléchir sur les résultats, le message qu’ils véhiculent, les attentes des populations et les redressements à opérer, avec vigueur et détermination, pour voguer vers des victoires plus importantes, lors des prochaines joutes électorales. En fin la Cap 21 a décidé de convoquer un séminaire interne dans les tout prochains jours, pour amorcer, en toute rigueur, la réflexion sur cette alerte.